« Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change » Giuseppe Tomasi di Lampedusa

Huit films italiens ont été sélectionnés comme possibles représentants de la péninsule aux Oscars 2012. Le 28 septembre 2011 le verdict est tombé et se sera Terraferma, film de Emanuele Crialese, qui fera son entrée au Kodak Theatre.

Presenté à Venise et vainqueur du grand prix du jury, Crialese, à travers une humble famille de pécheurs, met en avant la tranquillité perdue de l’île de Lampedusa. Il ne s’agit pas d’un bout de terre sicilienne quelconque, et les italiens le savent bien! Cette petite île de la méditerranée (à peine 6000 habitants), trempée dans les eaux se trouvant entre Malte et la Tunisie, est un point de passage presque obligatoire reliant le continent africain à celui européen.

Déjà en 2002, le réalisateur nous avait fait connaître cette magnifique terre dans son Respiro, gagnant du prix de la critique au Festival de Cannes. Les films de Crialese sont imprégnés par la mer, la narration se développe en dessous, tout comme au dessus des eaux salées. Si Respiro se termine par une prise de vue du fond de la méditerranée, Terraferma commence par la caméra qui, peu à peu, émerge des profondeurs. Si avec Nuovomondo (The Golden door, gagnant du Lion d’Argent en 2006) le réalisateur d’origine sicilienne met en scène la grande vague d’immigration italienne du début du XXème siècle vers le continent américain, avec Terraferma, un siècle plus tard, ce sont les italiens à devoir ouvrir leurs portes aux immigrés.

Un film que l’on pourrait définir de « très méditerranéen ». Cocktail de soleil, eaux cristallines, sable doré, le tout accompagné d’un mélange de dialecte sicilien et de langue italienne pour rendre le tout « très pittoresque »! Malheureusement, Terraferma est aussi un film farcit de stéréotypes, toujours de plus en plus constants au sein du cinéma italien (exemple, la distinction entre Nord et Sud incarné par le policier milanais qui ne manque pas de montrer son mépris pour les pécheurs siciliens). Cette approche facilite certainement la compréhension du film de la part d’un public étranger, en confirmant un certain imaginaire collectif lié à l’Italie (d’où peut être sa présence en compétition pour l’Oscar du meilleur film étranger). Peut-etre Habemus Papam aurait été plus représentatif de l’esprit italien?

C’est ainsi que l’Italie continue à se montrer toujours qu’à moitié, cachée derrière des stéréotypes désormais acquis et consolidés au fil des années, mais qui ne manquent pas de laisser un amer arrière goût aux italiens.